Deux anarchistes italiens, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti passent le 23 août 1927,sur la chaise électrique de la prison de Charlestown, Massachusetts.
En effet, le 5 mai 1920, aux États-Unis, deux militants anarchistes d’origine italienne, Sacco et Vanzetti, sont appréhendés par la police de New York, dans un contexte social d’une extrême violence. Accusés pour crime, ils sont condamnés à la chaise électrique.
Initiée par leurs camarades, la campagne pour leur amnistie, va gagner le monde entier.
« Rappelle-toi, Dante, rappelle-toi toujours ces choses. Nous ne sommes pas des criminels. On nous a condamnés sur un tissu d’inventions, on nous a refusé un nouveau jugement, et si l’on nous exécute après sept ans, quatre mois, onze jours de souffrances inexprimables, c’est pour les raisons que je t’ai dites, parce que nous étions pour les pauvres et contre l’exploitation et l’oppression de l’homme par l’homme. »
Bartolomeo Vanzetti à écrit ces ligne le 21 août 1927
Sommaire
Faits reprochés :
Le 15 avril 1920, Parmenter, le caissier de la manufacture de chaussures Slater and Morril, et son garde du corps Berardelli, porteurs de deux coffres contenant la paye du personnel, étaient abattus à coups de revolver par deux hommes dans la rue principale de South Braintree (Massachusetts), située à une vingtaine de kilomètres de Boston.
Quelques instants plus tard, les tueurs et leur butin (environ 16 000 dollars) étaient chargés à bord d’une Buick noire, où avaient pris place plusieurs hommes, qui fut retrouvée deux jours plus tard dans un bois.
L’enquête policière :
A la suite d’une enquête compliquée, les soupçons du brigadier de police de Bridgewater, se portèrent sur plusieurs anarchistes originaires de la péninsule, parmi lesquels Mario Boda – propriétaire d’une voiture dont on estimera après coup avoir identifié les traces auprès du véhicule utilisé lors de l’agression de South Braintree – et trois de ses amis : Orciani, Sacco et Vanzetti.
Le 4 mai 1920, les quatre hommes étaient allés récupérer dans un garage de la région, où elle se trouvait en réparation, l’automobile de Mario Boda : vraisemblablement pour transporter du matériel de propagande.
La police, présente sur les lieux, arrêta aussitôt Sacco et Vanzetti.
Appréhendé le lendemain, Orciani avança un solide alibi (il avait pointé à l’usine à la date des deux hold-up) et fut bientôt relâché, tandis que Boda restait introuvable.
Détenteurs d’armes à feu, les deux autres suspects avaient multiplié les mensonges et les affirmations contradictoires lors de leur arrestation, en partie parce qu’ils parlaient et comprenaient difficilement la langue du pays d’accueil, en partie également parce que, militants actifs du mouvement anarchiste, ils évoluaient depuis des mois dans un climat de répression féroce et de semi-clandestinité.
De leurs explications embarrassées le ministère public fit un argument – la « conscience d’avoir fait le mal » – qui devait peser d’un poids considérable sur le sort des deux hommes.
Le contexte :
La psychose de l’invasion et le délire « nativiste » expliquent l’acharnement déployé pendant sept ans, par des individus civilisés et se réclamant des idéaux de la démocratie, pour envoyer deux hommes à la chaise électrique.
Ils visent principalement les représentants de la « nouvelle émigration ».
Celle-ci, composée majoritairement d’éléments originaires des régions agricoles pauvres de l’Europe de l’Est et du Sud, a pris le pas, dans le courant des années 1880, sur l’immigration anglo-saxonne et « nordique ».
Parmi les nouveaux venus, ce sont les Italiens (à 90% des méridionaux) qui forment, à la veille de la Première Guerre mondiale, les bataillons les plus nombreux, et ceci à un moment où le flux annuel des migrants dépasse les 800 000 personnes.
Souvent illettrés et dépourvus de toute qualification, les nouveaux immigrés peuvent sans grand inconvénient être rapidement formés aux gestes simples qu’exige le fonctionnement des machines modernes. Ils constituent, dans un premier temps, une main-d’œuvre peu exigeante, prête à accepter n’importe quelles conditions de travail et de salaire.
En outre, depuis le début des années 1880, les États-Unis connaissent des conflits sociaux très graves, que les autorités répriment avec d’autant plus de vigueur qu’elles en attribuent fréquemment l’origine aux « éléments étrangers ».
Rejetés à la périphérie du système, considérés par les noyaux établis du monde du travail, autant que par la classe dirigeante, comme relevant de la « non-américanité » (un-American est intraduisible en français), et victimes parfois de violences aveugles (par exemple le lynchage de onze ouvriers siciliens dans la prison de La Nouvelle-Orléans en 1891), de nombreux représentants de l’émigration nouvelle, et notamment italienne, optent pour la voie révolutionnaire.
Procès et recours :
Sacco et Vanzetti furent condamnes sur des présomptions fragiles, qui auraient sans doute mal résisté à un réexamen de l’affaire si les défenseurs des deux anarchistes avaient réussi à faire agréer les différentes requêtes en révision du procès qui furent déposées entre 1921 et 1927.
Or, toutes se heurtèrent au refus obstiné des autorités judiciaires du Massachusetts, y compris celle qui fut adressée à la Cour suprême de cet État après qu’en novembre 1925.
La très grande majorité américaine silencieuse, a contribué par le puissant courant nativiste, a faire pencher les administrations de nombreux États, puis les autorités fédérales dans le sens de la réaction américaniste et puritaine.
C’est elle qui a incité le Congrès à adopter les deux lois restrictives de l’immigration nouvelle en 1921 et en 1924 (la seconde limite le nombre des entrées d’Italiens à 4 000 par an).
C’est à bien des égards parce qu’il était conscient de sa pesanteur électorale que le gouverneur Fuller – candidat en 1927 à la vice-présidence des États-Unis et dont les conseillers politiques s’étaient prononcés en ce sens – a refusé la grâce des deux prisonniers de Charlestown.
Pour les millions d’Américains qui partagent les certitudes et les angoisses des jurés de Dedham, Sacco et Vanzetti incarnent tout ce qui, dans le contexte brouillé de l’après-guerre suivit du Krach de 1929 (Krach à la bourse de New York), paraît menacer la cohésion d’une nation américaine dont les valeurs sont celles de la communauté blanche, anglo-saxonne et protestante.
Ils sont Italiens et ils ont fait un drapeau de leur appartenance ethnique.
Ils sont anarchistes et ils ont crié à la face des juges leur fidélité à la cause.
Ils sont – dit Vanzetti dans sa requête au gouverneur – « contre le vol en vue d’un gain personnel et contre la violence pour la violence », mais lorsque la violence est l’instrument de la justice populaire, ils ne la répudient pas… lire autopsie d’une affaire…
Campagne internationale pour leurs amnisties
Ils arrivent enfin, à une heure où l’hystérie anti-bolchevique déferle sur l’Amérique, prémisse de l’ « anti-communistes » qui connaitra d’ailleurs son apothéose avec le Maccarthysme ou la “chasse aux sorcières” fait de nombreuses victimes dont “Ethel Rosenberg et son époux Julius exécutés pour espionnage”, Charlie Chaplin et tant d’autres…
Les appels à la justice ou à la clémence affluent de tous les points du globe, accompagnés de manifestations de masse émanant de différents secteurs de l’horizon politique.
La France comme l’opinion internationale, ce mobilise pour les “martyrs de la guerre sociale“, malgré cela, rien n’y fait et quand la nouvelle de l’exécution tombe L’Humanité titre : « électrocutés ! le prolétariat les vengera ! »…
L’une des premières voix à s’élever pour dénoncer la répression du « crime d’opinion » fut Anatole France, dont il adressait à la presse américaine le 31 octobre 1921.
Le film et la bande annonce :
La Ballade de Sacco et Vanzetti est un ensemble de trois chansons composées par Ennio Morricone pour le filme de Guiliano Montaldo. La ballade, comme le film, raconte l’histoire de l’affaire Sacco et Vanzetti. L’intégralité de la ballade est interprétée par Joan Baez.
Réhabilitation :
Le 23 août 1977 Réhabilitation de Sacco et Vanzetti…